Élevage caprin Les marges brutes des élevages de chèvres dépendent peu du niveau de concentrés
Le BTPL a analysé les marges brutes des élevages caprins durant la campagne 2015-2016 en fonction du niveau d’ingestion de fourrages par rapport aux concentrés distribués par chèvre. Mais le critère de la productivité par unité de main d’œuvre semble plus décisif que le choix du type de ration au vu de la conjoncture.
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Le Bureau technique de la promotion laitière s’intéresse également aux élevages de chèvres pour lesquels a été mis au point l’outil Optichèvre Web. Ce logiciel en ligne permet un suivi mensuel des différents mouvements d’animaux, des postes de charges et de produits afin de déterminer une marge alimentaire mensuelle ainsi qu’une marge brute annuelle après validation des produits de l’atelier, de l’alimentation, des frais d’élevage et des frais de cultures.
Le BTPL a ainsi analysé 41 élevages, principalement en région Charente-Poitou. Le nombre moyen de chèvres par exploitation est de 427, pour une production totale moyenne de plus de 413 000 litres, soit un niveau de production moyen de 930 litres par chèvre présente.
Classés par niveau d’ingestion de fourrage
Les systèmes alimentaires en élevage caprin reposent sur des parts de fourrages dans la ration très variables d’une exploitation à l’autre.
En fonction des surfaces fourragères disponibles et de la taille du troupeau, trois systèmes alimentaires se dégagent dans le groupe suivi en Optichèvre :
- Un système dit « dépendant » : 9 élevages, avec moins de 225 kg de MS de fourrages/chèvre/an dans la ration (soit moins de 600 g/chèvre/jour). En moyenne 143 kg de MS fourrage/chèvre/an.
- Un système « intermédiaire » : 14 élevages, avec des chèvres ingérant de 225 à 450 kg de MS de fourrages/chèvre/an (soit de 600 g à 1,2 kg/chèvre/jour). En moyenne 382 kg de MS fourrage/chèvre/an.
- Un système dit « autonome » : 18 élevages, avec plus de 450 kg de MS de fourrages/chèvre/an (soit + de 1,2 kg/chèvre/j). En moyenne 524 kg de MS/chèvre/an.
De façon logique, les quantités d’aliments concentrés ingérés varient en fonction des fourrages consommés, 900 g/l de lait pour le groupe « dépendant » ; 723 g/l pour le groupe intermédiaire et 683 g/l pour le groupe « autonome ».
Résultats techniques selon le niveau d’ingestion
Pour le groupe « dépendant », la productivité moyenne est de 1 034 litres/chèvre pour un prix du lait moyen de 679 €/1000 l. 1,8 UMO se consacre à l’activité laitière pour un volume produit par UMO de 285 504 litres.
Pour le groupe intermédiaire, la productivité par chèvre est de 912 litres pour un prix moyen de 663 €/1 000l. La productivité par UMO est de 198 808 litres.
Enfin pour le groupe « autonome », les chèvres produisent en moyenne 893 litres de lait pour un prix moyen payé aux producteurs de 666 €/1 000 l. La productivité par UMO est de 197 967 litres.
Tableau de synthèse des résultats techniques et économiques des élevages en fonction de l’ingestion de fourrages :
Des résultats économiques qui suivent les résultats techniques
Les résultats de marge brute (MB) par chèvre suivent la tendance des résultats techniques, notamment liés à la production par chèvre ainsi qu’au prix du lait moyen payé aux producteurs. La MB varie dans les trois groupes de 311 à 362 €/ch.
Les résultats de MB/1 000 l, sont en cohérence avec les moyens de production, c’est-à-dire très liés au coût alimentaire pour le groupe « dépendant » soit 345 €/Ml, en cohérence entre coût de production et production par chèvre pour le groupe intermédiaire soit 376 €/Ml et enfin très lié à la productivité globale pour le groupe « autonome » soit 344 €/Ml
C’est la marge brute par UMO, en moyenne de 77 922 € qui permet après déduction des charges de structures de rémunérer les exploitants :
- 101 263 € par UMO pour les systèmes « dépendants »
- 74 392 € par UMO pour les systèmes intermédiaires
- 68 999 € par UMO pour les systèmes « autonomes »
Les systèmes « dépendants » ont une meilleure productivité à l’UMO, et donc une meilleure marge brute/UMO, ceci dans une période favorable en termes de prix des aliments et du lait.
Afin d’aller plus loin dans l’analyse entre les systèmes, il sera intéressant dans la version mise en place en 2016 de répartir les postes de charges de structure afin de mieux connaître la marge nette ou revenu disponible lait.
Un investissement dans les fourrages qui est rentable
Pour les producteurs ayant un système basé sur les fourrages, il semble, dans l’analyse de nos groupes, que le quart supérieur (basé sur la marge brute par chèvre) est de toute évidence corrélé à la conduite des surfaces fourragères, notamment fertilisation, semences et traitements.
Forte variabilité intra-système
Il semble après analyse individuelle de chacun des trois systèmes étudiés qu’il y ait plus d’écart au sein de chaque système qu’entre les systèmes, qu’a chacun appartient le choix de son système de production, mais que fondamentalement ce choix doit être en cohérence avec la globalité de l’exploitation.
Projections 2016
La production caprine française, après des heures plus ou moins fastes vit actuellement un dilemme entre besoin de production, pyramide des âges défavorable, et nécessité de relancer les installations, il faut sans doute prendre ceci comme une opportunité où le suivi technico-économique des ateliers est prépondérant pour toutes les catégories de producteurs ; pour le jeune agriculteur afin de lui permettre de maîtriser rapidement les chiffres clés de son atelier ; pour le producteur en croisière afin d’améliorer la rentabilité de son atelier et enfin, pour le cédant lui permettant de valoriser sa cession et convaincre le financier du repreneur.
Le suivi des producteurs en 2016 s’enrichit de deux nouveaux groupes, soit un total de 70 élevages suivis en Optichèvre Web, ce qui permettra une analyse encore plus pertinente des données globales. La conjoncture caprine laisse présager des résultats 2016 confortables, il faudra pour que cela se confirme une récolte sereine des fourragères et des indicateurs de production restant au beau fixe.
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